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Laurent Brochard, du bitume aux montagnes

Laurent Brochard

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L’ancien cycliste champion du monde, Laurent Brochard, a accordé une interview au magazine Trail Session. Il est revenu sur sa longue carrière cycliste et sur les raisons qui l’ont amené à la course à pied puis, très vite, au Trail.

Trail Session : Tu as eu une longue et belle carrière cycliste, on ne va pas revenir dessus en détail mais pourrais-tu nous parler du ou des meilleurs moments que tu conserves de cette carrière et, identiquement, du ou des pires ?

Laurent Brochard : Des mauvais moments, on en a quelques uns dans une carrière mais celui que je retiens est celui de ma sortie qui est plus ou moins la seule chose que je regrette. J’ai eu la chance d’avoir une carrière très longue et très belle mais cette sortie ratée laisse beaucoup de regrets. J’ai eu beaucoup de très bons moments, quand on a une carrière aussi longue forcément on conserve en mémoire de très belles choses. On dit souvent que ce sont les victoires qui marquent. J’aurais du mal à choisir parmi trois en particulier… Ma première victoire en professionnel est un moment très important pour moi. Il y a également cette victoire d’étape au Tour de France, gagnée un 14 juillet, un moment mémorable. Et puis, ces championnats du monde remportés en 1997 qui ont boosté ma carrière et sans quoi rien n’aurait été possible.

T.S : Pourquoi avoir choisi de te mettre à la course à pied après ta carrière cycliste ?

L.B : C’était mon premier sport. J’ai commencé à courir en compétition à l’âge de 5 ans, essentiellement des cross. J’ai essayé un peu la piste plus tard mais je n’aimais pas tourner en rond, comme en vélo d’ailleurs…les critériums je n’aime pas çà. Ce n’est que vers 17, 18 ans que je me suis intéressé au vélo. La course à pied me permet d’avoir un challenge. Au départ, après ma sortie du monde du cyclisme, elle me permettait de m’entretenir dans l’espoir de pouvoir revenir au vélo même après un an d’absence. Puis, comme je voyais bien que rien ne venait, il m’a fallu avoir un but, des objectifs à atteindre. Je me suis donc inscrit à des compet’ et les résultats sont venus de suite, tant mieux ! C’est ensuite naturellement que je suis venu au Trail.

T.S : Justement, pourquoi t’être orienté vers le Trail ?

L.B : J’ai d’abord essayé des 10K, des semis, des marathons. J’ai eu des bons temps sans une réelle préparation derrière. Mais le Trail est plus ludique, plus sympa, plus convivial. Tu ressens moins l’esprit de compétition mais au contraire tu sens cet esprit populaire. Il n’y a plus cette notion de chronos, il y a moins de pression. J’arrive à un certain âge où on n’est plus capable, ou on n’a plus envie, de courir derrière les chronos. L’élite reste l’élite en course à pied, en Trail il y a plus de partage, des paysages différents. En vélo je voyais déjà des paysages routiers, en course à pied je les vois toujours mais ils passent encore moins vite (rire), pouvoir découvrir de nouveaux paysages est quelque chose de vivifiant , c’est tout çà qui m’a donné envie de faire du Trail et me donne envie d’aller m’entrainer.

T.S : Tu as fait 2h36 sur le marathon de Vannes, est-ce facile pour un ancien cycliste professionnel d’atteindre un tel niveau ?

L.B : Je ne l’avais pas préparé spécifiquement, j’étais parti avec mes qualités naturelles. J’aimerais bien revenir un jour sur un marathon mais en le préparant spécifiquement, juste pour moi et pour flatter mon ego (rire). C’est quelque chose que j’envisage, à voir.

T.S : Comment t’entraines-tu en général ? Quel est ton volume hebdomadaire ?

L.B : Au feeling, comme j’ai envie. Je fais parfois quelques fractionnés avec des copains quand j’en ai envie, mais je n’ai pas de plan d’entrainement précis. Je cours pour me faire plaisir et aussi pour faire plaisir aux partenaires qui me suivent et me soutiennent.

T.S : Justement en parlant de partenaires, tu es ambassadeur de la marque Streetstepper qui fabrique des vélos elliptiques, nouvel outil d’entrainement des coureurs à pied, tu veux nous parler de cette marque et des produits qu’ils proposent ? Comment les intègres-tu à tes entraînements ?

L.B : Ce produit m’a été très utile juste après une blessure au genou et m’a permis de reprendre progressivement. Je l’avais déjà vu il y a un peu plus d’un an et il m’avait intrigué. Je n’avais jamais osé demander à l’essayer. Et puis j’ai eu des problèmes de genoux après la CCC l’année dernière et çà a été un peu l’excuse pour franchir le pas. Il a fallu un problème pour oser me lancer (rire). Maintenant, je l’utilise au moins une fois par semaine lors d’une séance de récupération d’une heure et demie environ. J’étais assez sceptique au début mais je m’aperçois que ça m’a vraiment permis de me remettre en forme rapidement.

T.S : Quand on tape « Laurent Brochard » dans les moteurs de recherche on a un peu de mal à accéder à ton palmarès en course à pied. Il faut dire que celui du cyclisme est assez imposant. Tu voudrais partager avec nous tes meilleurs moments, et peut être aussi les pires, que tu as déjà pu vivre en course à pied ?

L.B : Les plus mauvais moments sont les blessures. Des blessures que je ne connaissais pas en vélo, des micro-blessures. Il m’a fallu un an de transition au niveau musculaire. Au début j’avais systématiquement 3 à 4 jours de courbatures après mes grosses séances. J’ai eu pleins de petites micro-blessures aux mollets, aux pieds, aux genoux qui t’obligent à t’arrêter 3, 4 jours, une semaine. Et puis j’ai eu une déchirure au mollet qui a duré un mois et demi. Là je reviens de 4 mois d’hiver HS à cause d’un problème de cartilage au genou. Les bons moments se vivent lors de belles courses. La CCC en est un bon exemple. Ça a été une belle expérience. Malgré le fait que j’ai subi un épanchement au genou lors de la course je suis allé au bout et j’ai réussi à faire une très belle place (10 e, NDLR). Ça avait surpris tout le monde, l’organisation, mes proches. Je le dois à mon mental qui est ma principale force et qui me vient du vélo. J’ai eu de belles gagnes aussi sur de beaux Trails. Rien que cette année j’en suis à 2 victoires sur 3 courses, je suis content. Je tente plus de choses, j’attaque plus, j’essaie quelques coups de bluffs, je cours comme je roulais avant et ça marche. Je suis bien en ce moment, j’ai de bonnes sensations et je prends beaucoup de plaisir à courir. Mais je ne m’enflamme pas. Je vis mon sport et j’en profite avec plaisir et avec mon expérience.

T.S : Quelles sont pour toi les similitudes et les différences qui existent entre le Trail et le monde du cyclisme ?

L.B : Ce sont tous les deux des sports d’endurance. En Trail ou en Ultra-Trail on fait des journées de 6, 8 heures, parfois plus. Il faut réussir à gérer son effort et ses capacités. Là où c’est différent du vélo c’est que tu te retrouves assez vite seul. Tu n’as pas de peloton dans lequel tu peux profiter de l’aspiration. Après, comme dans tous les sports d’endurance, tu dois apprendre à gérer ton potentiel et à développer ton mental.

T.S : Tu avais un super surnom quand tu étais cycliste, « La Broche », tu l’as conservé en Trail ?

L.B : Oh, j’en avais même plusieurs ! Non, à part quelques cyclistes qui me croisent il a disparu. Je viens d’intégrer un Team, le Team Innov8 et on part en stage dans une quinzaine de jours, peut être qu’ils sauront me trouver un surnom là-bas ! D’ailleurs ce Team est important pour moi, je voulais retrouver un peu l’esprit d’une équipe comme en vélo. Les clubs ne représentent pas un intérêt réel pour moi pour l’instant, je n’en vois pas la nécessité, même si je l’avoue, j’ai été surpris de ne pas être contacté par certains d’entre eux.

T.S : Tu as déjà vécu une longue carrière, mais dans le milieu du Trail tu es encore jeune, tu as une longue carrière en perspective. Alors quels sont tes objectifs, pour cette année déjà, puis à plus long terme ?

L.B : J’ai beau être « tout jeune » dans la discipline, niveau santé je ne sais pas si çà va tenir. J’ai beaucoup de problèmes qui traînent, les genoux, un problème d’hernie discale. On a parfois l’impression que je fais les choses vites, trop vites. Je veux juste profiter au maximum pendant que mon organisme dit oui…je suis conscient qu’un jour la carcasse va finir par se déglinguer.

Côté objectif, cette année je veux me consacrer à l’UTMB. J’ai 7 à 8 compet’ que je vais faire avant en augmentant la distance progressivement jusqu’au mois d’Août. Je m’intéresse particulièrement au Trail du Vulcain où j’ai fini 3e l’année dernière, au Trail du Ventoux et au Beaujolais Villages Trail. Ensuite ce sera à l’envie. Je vais essayer de faire plusieurs courses pour aller chercher de la distance mais surtout du dénivelé. On peut pas dire que ce soit notre spécialité du côté de chez moi (Le Mans, NDLR) (rire). Je remercie d’ailleurs tous mes partenaires, BMW et Dissolvurol Gel qui me permettent de réduire mes frais et qui croient en moi. Sans eux, rien ne serait possible. Ce n’est pas facile. Ce n’est pas comme en vélo. Je suis désormais à la recherche d’un job, donc on fait avec ce qu’on a. D’ailleurs à bon entendeur (rire). J’ai passé mon brevet d’état de cyclisme pour ouvrir des portes. Pour revenir à l’UTMB, l’objectif est juste de le terminer. C’est une distance importante je ne sais pas comment mon corps réagira. J’avais dit la même chose pour la CCC et finalement je fais une superbe place, c’était une énorme surprise. On verra… Je souhaite juste acquérir de l’expérience pour ensuite aller sur d’autres courses. La Diagonale des fous à La Réunion m’intéresse ou la Western aux Etats-Unis. Si mon corps réagit bien après l’UTMB j’irai peut être déjà tester une des petites à La Réunion (La Mascareignes (74km, ~4000m D+) et Le Trail de Bourbon (90 km, 5000m D+), NDLR) en fin d’année.

Cet entretien a été un véritable plaisir. Laurent est une personne simple, un véritable passionné de sport qui ne pourra jamais s’en passer. Il privilégie le plaisir et le partage. C’est quelqu’un de humble et de réaliste. Toutes ces qualités feront qu’il saura très vite trouver sa place dans les grands noms du Trail français. Toute la rédaction de Trail Session lui souhaite le meilleur pour les années à venir.

Mickaël Mussard, pour Trail Session Magazine.

Author

▲ Cédric Masip - 41 ans ▲ 👫 Marié - 1 enfant 👦 👨‍💻 Fondateur & CEO @trail_session_magazine ⚓️ Odessa - Ukraine 🇺🇦 ⏱ 42.195km [RP] 2h46’52 🏃🏻‍♂️ Runner & Cyclist 🚴‍♂️ ⇣ My Strava ⇣ → www.strava.com/athletes/18867396 ✨ Ma Philosophie ✨ "Courir sur le chemin de la vie, le plus loin possible, le plus longtemps possible. Emprunter tous les sentiers, même les impasses, le plus important est de s’y (re)trouver".

4 comments

  • Ça fait vraiment plaisir à lire. On va essayer de suivre ça de près. On sent toute la motivation d’une seconde vie sportive. Je viens également d’arrêter le vélo (lassitude) et je retrouve une motivation encore plus forte à préparer des marathons. Vas-y fais nous des perfs!

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  • Je souhaite aussi, à Laurent….le meilleur pour les années à venir.
    Félicitations et tous mes encouragements, pour cet homme, grand sportif et pourtant si simple.
    Patricia L.

    Reply
  • Je suis ravi de lire cet interview de L. Brochard. Un champion, que je suivais beaucoup au vélo.
    Le fait marquant de cet interview, pour moi, est son intervention sur le mental. Il est évident que Laurent continuera de faire des perfs vue son passé de cycliste. On a tous plus ou moins besoin de forger notre mental sur de tels trails et c’est un bel exemple à suivre. Il se rend compte aussi qu’on se retrouve souvent seul sur les courses et c’est là que tout se joue: seul, au milieu de nul part, pour finir un trail. Je lui souhaite de continuer de finir seul sur une course et devant tout le peloton. … de trailers.
    Tchao Laurent et merci à Trail Session.

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  • Vas-y Lolo envoie du très gros, on est avec toi ! Bravo pour tes perfs. De la part d’un cycliste amateur passé au trail running.

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