Le sport, et en particulier le running, est une superbe occasion de faire des rencontres… Dans vos rencontres de course, vous avez forcément fait la leur, ou du moins, vous les avez aperçus. Eux, ce sont les MENEURS D’ALLURE, impossible de les louper avec leur grande flamme colorée. Ils sont à la fois des guides, des coachs, des potes, des papas/mamans de course…
Bref, ils sont formidables et ils méritent qu’on vous les présente plus en détails !
Notre rédactrice a personnellement eu la chance de croiser 2 d’entre eux sur son chemin de mini-runneuse :
- Marion, une gazelle du Sud-Ouest, super copine.
- Ahmed, alias « bébé », un gazou tunisien, rencontré pour un selfie lors du Semi-Marathon Ulysse-Djerba couru pour Trail Session Magazine.
2 histoires, 2 coureurs au grand cœur mus par la même passion… Et ils vous racontent TOUT !
Marion, Ahmed, tout d’abord un grand merci de vous prêter au jeu des questions made in Trail Session.
Prêts… ?
3…2…1… Partez !!!
Chers Meneurs d’allure, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Ahmed : Ahmed NJEH 32 ans, célibataire. J’habite à la Marsa, une petite ville située en banlieue nord de Tunis. Je suis directeur commercial au sein d’une entreprise tunisienne de fabrication de bijoux fantaisie et d’accessoires de mode.
Marion : Marion Guimard , 41 ans, mère de 3 enfants (Célia 19 ans – Paloma 16 ans – Adélie 4 ans). Je suis mariée avec Freddy Guimard, sportif de haut niveau en course à pied. Bien que native du Bassin d’Arcachon, j’habite à Puybarban campagne du Sud Gironde. Je travaille en tant que technicienne de prestations à la caisse primaire d’Assurance maladie de la Gironde. Auparavant, j’ai eu une carrière de 17 ans dans l’hôtellerie restauration en France et à l’étranger (l’hôtellerie de luxe principalement).
Comment le virus de la course à pied est entré dans votre vie ? Quelle est votre carrière sportive ?
Ahmed : Le jour où j’ai réalisé que j’avais un réel problème de surpoids dû à la sédentarité. J’ai alors commencé à prendre conscience qu’il fallait agir. Très vite je me suis dit, « comme les régimes c’est pas mon truc je vais faire du sport ! ». Après l’éternelle question que tout le monde se pose, pourquoi les autres y arrivent-ils et pas moi, je me lance un défi.
C’est ainsi que j’ai commencé ma nouvelle vie, car effectivement c’est bien une nouvelle vie qui commençait pour moi ! Finis les grands repas interminables en famille et entre amis, les après-midi à ne rien faire. Je me suis fixé dès ces premiers instants un objectif à atteindre avant la fin de cette année.
« Je rencontre souvent les mêmes personnes qui courent et partagent la même passion que moi »
J’enchaîne avec acharnement et volonté, salle de sport, vélo, marche à pied, natation et à mon rythme la course à pied. La transformation physique commence alors, le moral est bon, je suis de plus en plus motivé. Au fur et à mesure de mes sorties sportives, je rencontre souvent les mêmes personnes qui courent et partagent la même passion que moi, des liens se tissent rapidement.
Un jour, une personne me propose d’adhérer au même club de running qu’elle en me racontant les bons moments qu’ils partagent entre membres. L’idée me séduit, et voilà l’aventure qui commence. Au fil des jours, cette ambiance bon enfant, cette bonne humeur contagieuse à chaque sortie me font prendre conscience de l’importance que prend le sport dans ma vie.
Ce nouveau mode de vie me convient de plus en plus, je parle sans cesse running avec mes nouveaux amis, je pense running, je rêve running, ça y est ! Le virus de la course à pied commence alors à faire son effet.
Marion : Je cours depuis que je suis toute petite 6/8 ans. Je suis une passionnée ayant suivi l’école du cross country et d’athlétisme pendant 12 ans, mes jeunes années. J’ai fait beaucoup de sacrifices pour obtenir des bons résultats.
En plus d’un moral d’acier et d’une motivation sans bornes, j’ai eu des entraîneurs personnels et des parents dévoués ce qui m’a permis d’être sélectionnée, à plusieurs reprises, en équipe de France jeunes mais aussi de participer à 2 matchs européens ainsi qu’aux jeux de l’avenir.
Mon père faisait de l’athlétisme et du cross avant moi, j’ai réalisé mes premières courses avec ses vieilles pointes Adidas en cuir. A l’époque, on était loin du confort des chaussures de ce jour ! J’ai également eu le même premier entraîneur, Mr Dubernet et le même club de La Teste-Arcachon que lui.
Comment vous êtes-vous retrouvés avec une flamme dans le dos pour courir ?
Ahmed : La peur de me brûler avec la flamme qui me suit me fait courir plus vite. Non je plaisante bien sûr !
L’idée est venue d’une amie, Sana HARBAOUI, qui court depuis des années dans le même groupe que moi, qui me dit « Ahmed, au vu de tes performances et de tes participations à divers marathons (notamment en faisant allusion à l’Ultra Mirage de 2017/2018 et 2019), est-ce que tu voudrais bien être notre meneur d’allure ? »
Marion : A force de traîner mes baskets sur les courses de France et de Navarre, il y a 8 ans j’ai fait la connaissance de coureurs licenciés à Run & Freedom. C’est un club du Mans ( Sarthe 72) où j’ai fini par me licencier pour devenir meneuse. Aussi, j’y ai rencontré mon mari et j’y suis toujours licenciée.
Est-ce que tout le monde peut rejoindre le gang des meneurs d’allure ?
Ahmed : Je pense que oui ! Avec un bon état d’esprit comme le nôtre, et de la persévérance, pourquoi pas !
Marion : Pour moi la réponse est dans la question, je dirais que tout le monde ne l’est pas mais tout le monde pourrait le devenir.
Toutefois, avoir de l’expérience en course à pied est le minimum pour être un bon meneur. Il faut connaître toutes les foulées et attitudes de courses pour les adapter aux différents types d’épreuves, de parcours et à la météo, avoir testé beaucoup de matériel et marques pour mieux renseigner et conseiller les coureurs.
En France, il n’y a qu’un seul club officiel, marque déposée « meneurs d’allure » dont le Président créateur est Dominique Chauvelier (4 fois champion de France de Marathon…). Je suis donc licenciée FFA compétition au club Run & Freedom, c’est la condition pour faire parti du « GANG Officiel ».
Quelles sont les qualités requises pour faire partie de ces meneurs d’allure ?
Ahmed : Avant tout, avoir un esprit d’équipe et aimer relever les défis, puis être toujours de bonne humeur et optimiste quoi qu’il arrive dans toutes les circonstances de chaque course. Transmettre sa positivité au groupe dès le départ, et faire preuve de bonne volonté et de patience même si le parcours s’annonce difficile.
Marion : Bien se connaître et connaître la course a pied avant tout. Avoir envie de donner, partager et soutenir sont essentiels. La course à pied est un sport très individuel, être meneur c’est l’inverse : tu cours pour les autres.
A cela s’ajoutent la positiv’attitude et le sérieux dans les missions des meneurs d’allure (rencontrer les coureurs la veille et les rassurer lors d’animations, prendre connaissance du parcours et des postes clés : ravitos secours…, de la météo du jour J, respecter les KM organisateurs…).
Quel est le quotidien des meneurs d’allure ?
Ahmed : Tous les jours, je cours en moyenne deux heures pour m’entraîner, soit tôt le matin avant de me rendre à mon travail, soit le soir. Le tout est rythmé par les saisons. En effet, n’oublions pas que nous sommes en Tunisie et qu’il y fait relativement chaud en été.
J’essaie de participer à toutes les courses régionales qui se présentent à moi quand mon emploi du temps me le permet car il faut concilier vie professionnelle et sportive à la fois avec un juste milieu.
Et toi Marion ?
Marion : Cela Dépend de nos objectifs personnels car on est des compétiteurs avant tout mais en général 4 entraînements par semaine : 1 VMA courte + 1 VMA longue +1 sortie longue +1 footing ou 2 de récup, sans oublier des séances abdos gainages et des étirements.
C’est déjà la base quand on court en plus les weekends sur les événements, il faut aussi récupérer et puis on est bénévole donc la semaine il y a surtout le travail et la famille à assumer en plus ! Donc plus, il faut le pouvoir.
Les courses des meneurs se concentrent sur 2 périodes de 3/4 mois (septembre à décembre et avril à juin). Notre club gère avec les organisateurs nos hébergements, repas, navettes, déplacements. Comme nous habitons aux 4 coins de la France, pour les plus loin d’entre nous, le club étant basé au Mans (72), on se débrouille seul du transport pour rejoindre l’événement.
Quel est votre moteur dans cette aventure ?
Ahmed : Sans prétention de ma part, le fait de sentir qu’un groupe me suit pendant une course en reproduisant mes gestes et en écoutant mes conseils, j’ai l’impression d’être à leurs yeux leur guide et leur protecteur à la fois.
Marion : Mes jambes et mon pti’coeur bien sûr 😉 Le partage, le don de soi à travers l’accompagnement dans l’effort avec la satisfaction d’avoir couru non pas pour soi mais uniquement pour les autres.
Et en cadeau dans cette aventure à chaque fois : leur bonheur, leurs sourires, leurs larmes, les accolades, les remerciements, de nouvelles connaissances… Cela n’a pas de prix de recevoir autant en partageant sa passion.
Votre meilleur souvenir de meneur d’allure ?
Ahmed : Un jour, trois personnes de mon groupe ont voulu abandonner la course en me disant « c’est trop dur Ahmed, on n’y arrivera pas continuez sans nous ». Et bien j’ai décidé de réduire la cadence et nous y sommes arrivés tous ensemble. A l’arrivée, j’ai pu lire sur leurs visages aux traits tirés, la joie qu’ils éprouvaient d’avoir terminé cette course qui paraissait longue et impossible à leurs yeux. Je leur ai dit avec un sourire rassurant, c’est ça aussi mon rôle de meneur d’allure !
Marion : C’est dur comme question car ils sont tous très intenses alors disons… Peut-être la première fois que l’on a été meneur d’allure et que l’on a eu le sentiment d’être utile avec un retour immédiat et immense de ce partage ! C’est à ce moment précis que tu as envie que cela recommence tellement c’est bon.
Une anecdote rigolote ?
Ahmed : Ma rencontre avec une journaliste française, qui connait mes talents de coureur au sens propre du terme et qui aimerait me convertir au journalisme. Hi ! Hi !
Marion : Semi Marathon de Lyon, la montre GPS qui te lâche au 5ème kilomètre et là mentalement ça devient très compliqué…. sauf si tu connais tes allures, le parcours et ton corps par cœur pour finir l’épreuve à allure régulière et dans le chrono final escompté. Mission réussie je vous rassure !
Votre programme de courses est en stand-by depuis quelques semaines, alors rêvons un peu… Dites-nous où vous rêveriez de promener votre flamme !
Ahmed : En cette période de confinement, nous avons tous les baskets qui nous démangent. C’est très difficile de ne pas braver les interdits. Je m’organise entre deux courses d’approvisionnement pour courir un peu autour de mon quartier quelques minutes seulement. Ce n’est pas marrant de courir seul, je sens qu’il me manque quelque chose dans le dos, ma flamme me manque…
J’espère de tout cœur, qu’après la disparition de cette petite bestiole invisible qui ne fait plus courir le monde entier, je puisse rassembler mes suiveurs sur une belle plage de Normandie. N’est- ce pas que, nous tunisiens, sommes les champions pour courir sur le sable ?
Marion : A cause de notre ennemi COVID19, la coupure estivale (3 semaines repos total) s’est imposée plus tôt que d’habitude. Mais le programme courses de Septembre s’annonçant très très chargé, j’ai déjà repris les séances de PPG et de foulées en plus d’autres activités. Cependant, je rêverais bien d’aller mener ma flamme partout où je ne suis pas déjà allée, en France et à l’étranger, pour découvrir de nouveaux parcours, régions et nouvelles personnes.
Un dernier mot pour conclure ?
Ahmed : Je ne peux pas terminer ces quelques lignes sans remercier tous les meneurs d’allure des clubs tunisiens avec lesquels nous partageons des moments de pur bonheur.
Marion : Je remercie Cindie, la rédactrice de cet article, qui est une belle rencontre autour de la course à pied mais aussi d’un événement sportif solidaire qu’est La Farfelue sur Marmande. Merci d’avoir pensé à moi pour étoffer son article sur les meneurs d’allure. Elle aussi est une coureuse et une très belle personne
Merci à vous 2
En un mot (ou presque) : MERCI pour votre disponibilité et votre bonne humeur légendaire. Vous êtes des inspirations pour chacun d’entre nous !
On a déjà hâte de vous retrouver sur les lignes de départ pour de folles aventures même si on doit encore attendre quelques mois… La joie des retrouvailles n’en sera que plus intense !
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